Penser la décolonisation et ses enjeux en Océanie, entretien avec Marie Salaün (Université Paris Cité)
Résumé
Marie Salaün, anthropologue à l'Université Paris Cité et membre de l'UMR URMIS, revient sur son parcours de recherche qui l’a conduite d’une thèse, co-dirigée par Alban Bensa, consacrée à une sociohistoire de la scolarisation des Kanak de Nouvelle-Calédonie, aux enjeux globaux de la décolonisation de l’Océanie. Elle explique sa difficulté à se situer au sein des sciences humaines et sociales, ses objets relevant de l’anthropologie océaniste, de l’histoire coloniale, de la sociologie de l’éducation, et désormais de la sociologie du droit pénal. Elle explique les tournants d’une trajectoire qui l’a vu passer d’une analyse du contentieux scolaire en Nouvelle-Calédonie, à celle des enjeux de l’enseignement des langues et cultures autochtones en Nouvelle-Calédonie, à Hawaï et en Polynésie française, et désormais à celle de la décolonisation d’une institution comme la prison. Elle raconte la difficulté qui a été longtemps la sienne à s’identifier comme anthropologue « océaniste ». Elle défend un éclectisme méthodologique, la complexité de ses objets imposant de multiplier les sources, entre archives, observations et constitution de corpus d’entretiens. Elle termine par ce qu’elle perçoit des enjeux contemporains du type de recherches qu’elle mène : la liberté académique, qui passe par une juste distance par rapport aux injonctions les plus immédiates du politique, et la nécessité de former une nouvelle génération de chercheurs océanistes. Cet entretien s'inscrit dans le cadre du programme I-DEA (Illustration et Documentation audiovisuelles des Études Aréales) qui vise à documenter les langues et les thèmes de recherche des enseignant.e.s-chercheur.e.s en Études Aréales.