Objets dans la migration, objets en exil : statuts, usages, devenirs. (Panel 2)
Résumé
Dans la poursuite d’une première rencontre qui s’est tenue le 21 novembre 2016 à l’Inalco sur la construction de la figure de l’exilé à travers les objets dans l’espace narratif, cette journée d’étude veut élargir le champ d’analyse en croisant statuts et devenirs des objets de la migration et de l’exil dans une perspective interdisciplinaire. /// Claire Rodier (Gisti) – Les bracelets des exilés : L’objet choisi est le bracelet en plastique qui a été mis aux poignets des exilés évacués de la jungle de Calais en octobre 2016, destiné à différencier les régions de France vers lesquelles ils allaient être transférés pour être placés dans des centres d’accueil et d’orientation. Aux quatre couleurs correspondant aux quatre régions de destination, s’en ajoutait une (jaune) pour identifier les mineurs .A la même époque, les gestionnaires du camp de la Linière (Grande Synthe) ont décidé de munir les occupants d’un bracelet bleu, désormais nécessaire pour accéder au camp, pour des raisons de sécurité. Dans les deux cas, il s’agit d’une mesure destinée à « aider » ou à « protéger » les exilés. Je m’interrogerai sur les ressorts de l’utilisation, pour la « gestion » des personnes migrantes, du bracelet de plastique, qui évoque plus le marquage d’identification en vue de contrôle, que la clef, le code ou le badge, qui sont généralement les attributs destinés à identifier les occupants d’un lieu ou d’un espace. /// Eugenia Vilela (U. de Porto) – Le gilet de sauvetage. Un objet paradoxal de l’exil : Les déplacements – mouvements violents de dépossession d’une vie – inscrivent dans les corps des refugiés une cartographie sensible d’expériences qui se constitue à travers d’objets qui, dans une métamorphose singulière, passent à appartenir à une mémoire intense de l’exil. Vital pour la dangereuse traversée de la méditerranée, dans le long périple vers l’Europe, le gilet de sauvetage se constitue en tant qu’objet paradoxal. Il perturbe une typologie possible des objets de l’exil. Dans un régime violent de déplacement, entre la disparition et la présence des corps, il se transforme en trace tangible de l’exil : il peut être la seule empreinte matérielle d’un déplacement spectral, ou le reste d’un geste qui subsiste dans le silence déchainé entre un corps et un objet.