Politiques du refuge (4) - Non-lieux de l'exil
Vidéo Année : 2019

Politiques du refuge (4)

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Myriam Dao
  • Fonction : Intervenant
Miléna Kartowski-Aïach
  • Fonction : Intervenant
Christiane Vollaire
Dimitri Galitzine

Résumé



[00:00:00 à 32:01:13] Myriam DAO (Artiste)

[32:01:13 à 32:47:04] Présentation par Amanda CAROLINA DA SILVA (U. Liège, Atlas of transitions)

[32:47:04 à 01:05:12:19] Miléna KARTOWSKI-AÏACH (Anthropologue et metteuse en scène de la pièce « Léros, un exil chez les damnés »)

[01:05:12:19 à 01:45:25:03] Christiane VOLLAIRE (Philosophe, photographie documentaire « Grèce : interroger les solidarités »)

[01:45:25:03 à fin] Discussion


Séance 4 : Des îles prisons aux îles refuges. La Grèce et les bords de l’Europe De Calais aux îles grecques, ce déplacement vers une autre frontière nous permettra de saisir l’importance des contextes et des histoires pour comprendre comment faire l’expérience du refuge lorsqu’on est confronté à la violence des frontières.
Dans le cadre de la manifestation La saveur de l’autre, Le Channel scène nationale de Calais En collaboration avec le programme européen Atlas of transitions, programme ANR Liminal/Inalco, les Non-lieux de l’exil (NLE).

Coordination : Emilie DALAGE (U. Lille, Atlas of Transitions)

Présentation du colloque : En Avril 2017, le Channel, scène nationale de Calais, invite l’artiste Momette à compléter une grande collection de mains. Momette rencontre des habitants de la ville et parmi eux, des personnes exilé.e.s en transit ou en demande d’asile. En accompagnant son travail sur le terrain, il nous apparaît que son travail consiste à ouvrir des « espaces-temps refuges ». Par ailleurs, depuis la destruction du bidonville de la Lande, la fermeture du centre Jules Ferry et du camp de container, tous les abris, campements précaires que les exilé.e.s tentent de construire ou d’investir sont systématiquement détruits selon la politique du « pas de lieux de fixation ».

Le refuge est un concept hétérogène. Il désigne à minima un espace-temps qui permet de se soustraire temporairement à la surveillance et au contrôle exercé dans l’espace public. C’est là toute l’ambivalence des « mises à l’abri » réalisées dans le cadre de la destruction des campements précaires. Ces « mises à l’abri » conduisent précisément à soumettre les exilé.e.s au contrôle que ceux-ci demandent ou non l’asile, ruinant d’emblée la possibilité même que l’abri fasse refuge. C’est la raison de la lutte de plusieurs associations pour maintenir des lieux d’accueil inconditionnels.

L’anthropologue et biologiste américaine Anna Tsing, reprise par Donna Haraway considère le refuge comme le lieu d’une régénération possible pour des espèces vivantes mises en danger par les politiques de réduction, rationalisation, et exploitation du monde. Ces politiques sont des politiques de mises en coupes réglées de la nature, mais aussi de la vie en général. Pour elles, la destruction des refuges caractériserait à la fois la « crise écologique » contemporaine et la « crise migratoire ».

Entendu ainsi, le refuge n’est plus seulement envisageable depuis une pensée de l’hospitalité comme un lieu que « nous » aurions à créer « chez nous » pour des « autres » vulnérables réduits à « demander un refuge », au prix de la mise à l’écart, au risque du ghetto et de l’assignation.

Plutôt qu’explorer les façons « d’offrir » un refuge, comme on « offre » l’hospitalité, nous voudrions explorer la façon dont des abris font effectivement refuge pour les personnes exilé.e.s. Pour cela, il faut non seulement que l’abri offre « les prises » nécessaires à la régénération, mais également que les exilé.e.s puissent les saisir et donc fassent l’expérience « de l’abri » comme refuge. Une politique du refuge consisterait alors à soutenir les capacités « de régénération » : capacité à parler, à se faire entendre et à trouver refuge dans les langues échangées, à créer, se reposer, se lier, jouer, nouer des alliances dans des dispositifs de médiation repensés pour in fine affronter l’hostilité, reprendre la route. Ces refuges-là peuvent devenir les « zones de contact » évoquées par James Clifford, ou les oasis cosmopolitiques d’Etienne Tassin. Ils peuvent être temporaires et provisoires, imprévisibles et conjoncturels, ou au contraire être inscrits dans des espaces pérennes, lieux seuils ouverts à toutes formes de recréation du refuge par la voix, la parole, la musique, la place faites aux corps et aux psychismes effractés par l’expérience de l’exil.

Dates et versions

medihal-02281601 , version 1 (09-09-2019)

Licence

Identifiants

  • HAL Id : medihal-02281601 , version 1

Citer

Émilie Dalage, Myriam Dao, Ana Carolina da Silva, Miléna Kartowski-Aïach, Christiane Vollaire, et al.. Politiques du refuge (4). 2019. ⟨medihal-02281601⟩
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