Vers une approche géo-anthropologique de prévention du paludisme : le point sur une expérimentation en cours à Hévécam et à Kribi (Cameroun).
Résumé
Introduction: Le paludisme fait partie des maladies tropicales qui doivent leur développement et leur pérennité aussi bien aux conditions physiques du milieu qu’aux
comportements des groupes humains, vis à vis de l’espace
qu’ils occupent ou qu’ils pratiquent. Les ravages qu’il
cause sont en partie liés à la façon dont les hommes gèrent
leur environnement immédiat et plus précisément ceux des
éléments qui conditionnent la vie et la prolifération de
l’agent vecteur : humidité, couverture végétale, déchets.
Methods: La méthode de prévention que nous proposons
d’exposer prend appui sur deux pendants du fléau, à savoir
les milieux naturels et les comportements humains.
L’expérimentation présentée a été conduite dans le cadre
de deux projets réalisés en continuum et financés par le
Ministère français de la Recherche (PAL+ et ATC
Environnement Santé) et dans une collaboration Sud/nord.
Les enquêtes de terrain ont été réalisées en 2002 et 2005 à
partir d’entretiens semi-directifs auprès des populations
vivant dans 2 sites au Sud Cameroun (une agro-industrie
HEVECAM et la ville de Kribi et ses environs). Les
statistiques collectées lors de ces enquêtes ont fait l’objet
de traitements cartographiques.
Résultats: Le principal résultat obtenu est un système géo–
anthropologique de prévention où l’homme cesse d’être la
victime résignée du paludisme pour devenir un acteur de
santé communautaire et un gestionnaire rationnel de son
environnement immédiat. Il s’agit d’un schéma directeur
de gestion durable du paludisme à deux pôles. Le premier
vise à neutraliser l’agent vecteur (en agissant sur son
milieu écologique) ou à l’isoler de l’hôte (par
l’intensification de l’utilisation des moustiquaires
imprégnées). Le deuxième, parallèlement, porte sur la
sensibilisation et la décentralisation de la prise en charge
des malades et un suivi de proximité. Notre étude a abouti
à la production de supports cartographiques permettant de
mieux suivre la répartition spatiale des facteurs de
prolifération des moustiques, de visualiser la spatialisation
des statistiques sanitaires et de mieux orienter les actions
préventives à engager.
Interprétation: L’approche interdisciplinaire, associant
géographes et anthropologues et permettant la
confrontation des données recueillies sur les mêmes sites
fait la richesse de notre expérimentation. Cette méthode
convient parfaitement à la nature du paludisme.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)