Ani T. Baladian et Anna Leyloyan-Yekmalyan, LES COLONNES DE LA FOI D'OJUN: Essai pour une nouvelle lecture - Campus AAR Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue des études Arméniennes Année : 2015

Ani T. Baladian et Anna Leyloyan-Yekmalyan, LES COLONNES DE LA FOI D'OJUN: Essai pour une nouvelle lecture

Résumé

Conclusion Tout au long de ce travail nous avons essayé de faire une étude iconographique des bas-reliefs encore visibles sur les deux colonnes d'Ojun en tenant compte de chaque image mais sans perdre de vue l'ensemble de l'œuvre dont chaque détail manifeste et déploie la signification. La nouvelle lecture que nous proposons a été rendue possible grâce à la proximité formidable que la technologie créée entre les images et le regard de l'observateur. Ce rapprochement et la possibilité de voir les détails qu'on n'avait pas vus auparavant; mais qu'ils étaient là quand même nous a permis d'amener à son terme le travail entrepris. Nous avons vu que chaque colonne est une composition à part entière dont les éléments constituent un tout cohérent. Ces colonnes découlent d'une même conception mais les différences qu'on y décèle font preuve d'une certaine liberté d'expression. Elles remontent au tout début du christianisme, à une période antérieure à l'apparition des premiers խաչքարս qui en ont les mêmes caractéristiques avec la même variété dans l'exécution. Les colonnes ont un rôle manifeste pour les fidèles de la nouvelle religion: montrer la voie à suivre pour parvenir au Salut. Bien sûr, les images sculptées ne sont pas là pour leur apprendre les rudiments de la foi mais leur rappeler ce qu'ils savent déjà. Elles servent à garder vivante leur mémoire et permettent aux fidèles de se souvenir de l'enseignement appris. Comme écrit Վրդանէս Քերթող dans son traité Contre les Iconoclastes : « Tout est visible pour ceux qui connaissent » car connaître c'est se souvenir et « les images sont souvenir de Dieu » . Déterminer la date précise d'exécution des deux colonnes reste une tâche ardue, quasi impossible dans les conditions actuelles, avec la maigre documentation dont nous disposons. Le programme iconographique mis en œuvre porte des éléments qui remontent à l'époque paléochrétienne. Mais toute tentative de classification des œuvres similaires est prématurée tant qu'on n'a pas établi un catalogue détaillé incluant aussi les différents fragments encore dispersés dans la nature, dans les musées et quelques fois réutilisés lors de la rénovation des édifices . A une date indéterminée, pour abriter les deux colonnes relativement épargnés par les intempéries et des vandalismes le monument qu'on voit aujourd'hui a été construit. Cette date correspond probablement aux grands travaux de rénovation de l'église d'Ojun (qu'on peut situer après l'occupation arabe de l'Arménie). On ignore les orientations initiales des colonnes dans l'espace. Mais une observation fait surgir une question à ce propos. Est-ce lors de leur installation dans le monument que les orientations initiales n'ont pas été respectées ? L'image de le croix sur le chapiteau nord et la représentation du Christ en Majesté sur celui du sud ne devaient-elles pas avoir la même orientation ? Si c'est le cas les larges portes percées au niveaux inférieurs du modèle représentant la ville de Jérusalem et surtout les deux thèmes repris de l'Ancien Testament auraient été orientées dans la même direction. Une autre remarque s'impose : pourquoi avoir privilégié la colonne comme support ? La colonne est un élément qui garantit la solidité et la stabilité d'un édifice. Elle est une figure du Christ qui associe le ciel et la terre, le divin et l'humain. La colonne symbolise aussi la présence de Dieu qui trace la voie pour le salut de son peuple : la colonne de nuée le jour, colonne de feu la nuit (Ex 13, 21). Grégoire de Nysse dans son œuvre Contemplation sur la vie de Moïse, décrit la colonne de nuée comme un guide qui dirige les justes vers le salut . Cette colonne on la retrouve dans un contexte arménien, chez Agathange qui dans son Histoire de l'Arménie rapporte une vision de Grégoire l'Illuminateur. Le saint dit : « … et je voyais dans la ville, sur une base circulaire, telle une grande colline, une très haute colonne de feu et sur cette colonne un chapiteau en nuage surmonté de la croix lumineuse» . Dans l'esprit de l'auteur, la colonne ainsi décrite préfigure la descente du Monogène sur la terre d'Arménie et porte les traits caractéristiques des œuvres étudiées ici. Les deux œuvres remarquables que nous avons analysées fonctionnent comme des récits muets. Elles incarnent dans les traits, lignes et surface de la pierre une pensée théologique, y inscrivent un message spirituel accessible au plus grand nombre des croyants: le cheminement vers la paix, vers la Jérusalem céleste, vers la Vie éternelle. De ce fait elles sont les colonnes de la foi (Սիւն հաւատոյ), mémoire de l'Événement et voie du Salut.
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Dates et versions

hal-02471556 , version 1 (08-02-2020)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale

Identifiants

  • HAL Id : hal-02471556 , version 1

Citer

Anna Leyloyan-Yekmalyan. Ani T. Baladian et Anna Leyloyan-Yekmalyan, LES COLONNES DE LA FOI D'OJUN: Essai pour une nouvelle lecture. Revue des études Arméniennes, 2015, 36, pp.149-212. ⟨hal-02471556⟩
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