Des concours de beauté accueillent chaque année des milliers de touristes venus de toute la Chine. Ils exaltent la splendeur de la culture des Rgyarlong Tibétains (comté de Danba, préfecture de Ganzi, Sichuan). Le costume traditionnel porté à cette occasion par les femmes autochtones crée une image idéalisée mais figée de ce groupe ethnique. Il vise à affirmer son identité ethnique qui le différencie des autres populations de la Chine, mais aussi des autres Tibétains. Pour la représentation formalisée sur la scène des concours, ce costume obéit à un processus d’homogénéisation et d’uniformisation visant à choisir les particularismes culturels les plus marquants des Rgyalrong afin de faire leur « promotion ». Néanmoins, cette mise en avant « touristique » suscite chez les participantes des réactions dans différents registres de l’organisation sociale. A partir d’une enquête ethnographique réalisée entre 2015 et 2018, nous retraçons d’abord les transformations vestimentaires observées entre les pratiques relatives à la parenté, aux cérémonies matrimoniales, et aux concours. Puis, nous tentons d’analyser les mécanismes liés à cette « réinvention » vestimentaire. Pour cela, nous laissons la parole aux Rgyalrong et nous questionnons la relation entre la représentation stéréotypée qu’ils donnent d’eux-mêmes et la résurgence d’une conscience identitaire ethnique provoquée par cette réinterprétation culturelle.