Cette présentation propose d’exposer les difficultés et les particularités méthodologiques d’une enquête ethnographique menée dans la région centre du Shanxi (Qixian, Yuci, Taigu, Pingyao), entre l’hiver 2017 et le printemps 2018. Le cas d’étude concerne la transmission actuelle de deux lignées martiales issues des communautés de marchands-caravaniers historiques (Ming-Qing), et la manière dont elles s’adaptent aux problématiques liées aux projets de valorisation culturelle locaux. Des tensions sous-jacentes à ces derniers sont observables sur le terrain : notamment des rapports concurrentiels sur la notion d’authenticité entre les dépositaires, ainsi qu’une résistance à la standardisation des savoirs concernés, dont la cohérence sociale s’ancre dans la singularité clanique (shi 氏) et le secret lignager. Premièrement, j’exposerai les apports et les limites de la méthode d’entretiens ethnographiques m’ayant permis d’appliquer un levier de comparaison entre ce que nous percevons de l’histoire et les processus actuels. Deuxièmement, je proposerai un état des lieux de la recherche sur ce sujet en Chine, mais aussi en France. Enfin, dans le souhait de susciter une discussion collective avec les participant.e.s au cours de ces journées, j’aborderai, d’une part les conditions d’enquête rencontrées dans un contexte de transmission confidentielle des savoirs locaux, et d’autre part dans quelles mesures les projets patrimoniaux se heurtent à la complexité des pratiques ésotériques dans les cercles privés (minjian 民間).