Biographie intellectuelle d'un sociologue engagé.
Résumé
Gérard MAUGER est un intellectuel de première génération. Il revient longuement sur son parcours de jeunesse jusqu’à ses années de militantisme puis son entrée au CNRS. Deux grands-pères ouvriers - agricole pour l’un, textile pour l’autre -, une tante s’intéressant à la poésie, sa mère voulant que ses enfants réalisent ses aspirations frustrées. Son parcours scolaire marqué dès le début par la réussite lui vaut la protection des institutrices « qui l’aimaient bien ». Ses goûts se portent sur les études littéraires, mais faute de khâgne dans la région, il entre en classes préparatoires de maths.
La guerre d’Algérie en France marque le début de sa politisation. Il entre à Sciences po’ où il éprouve un choc culturel et social. Son mal-être de jeune intellectuel aux origines sociales modestes le poursuit. Il lit Marx, Althusser, espérant y trouver les instruments de pensée lui permettant de comprendre ce qu'il se passe.
Il se retrouve économiste conseil, situation professionnelle qu’il vit comme une impasse. Sur les conseils d’Althusser, pour lequel il voue une grande admiration, il contacte notamment Marcel Jolivet, qui lui propose un contrat de recherche au centre d’études sociologiques, ce qui lui permet d’arrêter ses activités d’économiste conseil. C’est à ce moment qu’il s’engage politiquement et devient militant à temps plein.
Autour des années 1972, le gauchisme prend fin, et avec ses activités de militant. Afin d’éviter le déclassement professionnel, il devient sociologue au CNRS. Ses domaines d’investigation portent sur la contre société, le contre culture, la société en marge. Il lit Michel Foucault, Sartre, Gilles Deleuze mais n’y trouve pas les outils intellectuels adaptés à ses investigations.
La rencontre avec Pierre Bourdieu est décisive, trouvant en lui, dit-il, « quelqu’un qui parlait du monde social tel que j’avais le sentiment de le percevoir ». Autre rencontre intellectuelle avec Alain Touraine au Centre d’Etudes Sociologiques, qui le trouve « exotique ». C’est au Centre de Sociologie Urbaine (CSU), unité propre du CNRS, qu’il rejoint sa famille intellectuelle, où il reste douze ans, en y occupant notamment le poste de directeur. Les tensions commencent quand le CNRS ne veut plus d’unités propres mais des unités mixtes, rattachées à des établissements universitaires. Il démissionne de ses fonctions de directeur, à contre-cœur, et se retrouve au Centre de sociologie Européenne (CSE) à la demande de Pierre Bourdieu.
Gérard Mauger conclut par le constat d'avoir a contribué à inventer une forme d’engagement du sociologue.
Gérard MAUGER est directeur-adjoint du Centre de Sociologie Européenne (CSE).
Ses domaines de recherche concernent la sociologie de la jeunesse et de la déviance, des politiques publiques, des pratiques culturelles, des intellectuels et la sociologie de la sociologie.
Mots clés
Le Centre de Sociologie Européenne (CSE)
Le choc culturel et social : l’entrée à Sciences Po’ à Paris
Lecture de Marx et Freud
L’entrée au CNRS
L’engagement politique gauchiste
Le mal être d’un jeune intellectuel aux origines sociales modestes
La fin du gauchisme en France autour de 1972
La découverte intellectuelle décisive – l’œuvre de Pierre Bourdieu
Alain Touraine et le Centre d’Etudes Sociologiques (CES)
Le Centre de Sociologie Urbaine (CSU)
Les origines familiales à « capital culturel zéro »