Le sublime est le transcendantal: réflexions sur la conception du sublime dans la Frühromantik.
Résumé
Dans les théories esthétiques du romantisme allemand, le sublime joue un rôle moins évident que chez Kant ou Schiller, mais il a en effet une signification tout à fait remarquable pour la définition même de la beauté artistique. Friedrich Schlegel dans le Studiumaufsatz définit le beau en général comme le résultat d’une tension dialectique entre l’agréable et le sublime. Sublime est dans ce contexte la recherche de l’infini, qui constitue la composante métaphysique, suprasensible de la création artistique. Mais si la beauté classique reste concentré sur l’équilibre et la perfection naturelle de la forme, c’est exactement cet élan du sujet vers l’infini qui caractérise l’art romantique.
Autrement que dans le sublime du XVIIIe siècle, aussi que dans les théories de Schiller et de Schelling, qui établissent une relation étroite entre le sublime et le terrible de la tragédie, Schlegel élimine du concept de sublime toute négativité et obscurité, en les substituant avec l’idée fichtéenne de transcendantal. La dimension négative de la sublimité est reportée sur son opposé dialectique, la “laideur sublime”, une laideur absolue et désespérée dans laquelle se manifeste le vide, la scission inconciliable. Le sublime est l’apparence de l’infini et va s’identifier avec la définition utopique de l’art romantique comme « allégorie de l’infini ». Dans le canon littéraire de la modernité, le sublime est toujours lié à la tendance philosophique, réflexive de l’art romantique : Dante est un poète sublime en tant que l'auteur d’un « poème prophétique » qui est «l’unique système de la poésie transcendantale ».
Ce que j’essayerai de montrer dans mon exposé est le développement et les différentes configurations de la liaison que Schlegel établit entre le sublime et la spéculation philosophique à partir de ses premiers écrits critiques jusqu’aux Leçons sur la philosophie transcendantale.
L’histoire de la philosophie pense le concept du sublime à partir de trois penseurs majeurs : Pseudo Longin, Emmanuel Kant et Edmund Burke. Le sublime, comme concept et pratique culturelle, occupe une place centrale dans l’entendement de la culture occidentale et investit le débat esthétique et éthique dans la recherche la plus contemporaine en sciences humaines et sociales. Au XXIe siècle, le sublime réinvestit le monde contemporain et crée ainsi des interactions complexes entre différents domaines du savoir, notamment dans des disciplines telles que la philosophie, la littérature, la musicologie, l’histoire du cinéma, l’histoire, les sciences politiques, les sciences de la communication, l’architecture, les nouveaux médias, etc.
Le but de ces journées d'études est d’explorer le potentiel du concept dans le monde contemporain, en termes d’études transversales, et de contribuer à la fondation d’un réseau de recherche, d’après le modèle de la Tate Britain à Londres.
Quatre axes d’études sont proposés :
- Sublime et œuvre d’art – impliquant l’analyse conceptuelle en philosophie et en sciences de la communication
- Du sublime en politique – explorant l’impact de la notion dans le monde politique post- 9/11
- Sublime et études du genre - questionnant l’impact du concept sur des notions comme : crise, utopie politique et sociologie de la naissance
- Sublime et architecture de l’image – explorant les fondements du concept à partir de l’architecture du XVIIe siècle, à travers son impact sur le romantisme, jusqu’à son rôle dans les études urbaines contemporaines.
Avec le soutien de la FMSH - Fondation Maison des Sciences de l’Homme, de l’Université Paris X-Nanterre , de la British Academy et du DAAD.