Longtemps, la désertion a constitué, comme l’évoquait dans un article récent Élisabeth Zadora- Rio, l’un des paradigmes de l’habitat rural au Moyen Âge. Cette thématique du village déserté a, en effet, occupé une place éminente dans la recherche historique et archéologique à partir des années quarante et cinquante du XXe siècle, notamment en Angleterre avec les travaux pionniers de M. Beresford et de J. Hurst, puis plus tardivement dans la France des années soixante avec le programme franco-polonais de l’EPHE et les travaux de G. Démians d’Archimbaud sur Rougiers. La multiplication des fouilles d’archéologie préventive depuis trois décennies a non seulement permis un accroissement de notre documentation, mais a surtout mis au jour les réalités des occupations du haut Moyen Âge, et démontré notamment que les désertions n’étaient pas une spécificité des derniers siècles du Moyen Âge : il est des désertions à toutes les époques.