Créations in situ : conscience/geste écologique et enjeux identitaires à Taiwan
Résumé
Nous avons souhaité inscrire notre intervention chorale dans la réflexion actuelle autour
de l’écologie, de la relation au vivant et de l’anthropocène. L’objet de cette communication
sera donc de contribuer au débat sur les questions environnementales grâce à l’étude des
discours, pratiques et savoir-faire des communautés artistiques taïwanaises, ainsi que leurs
processus de création en lien avec la nature. Il n’est certes pas étonnant que des productions
artistiques et culturelles taiwanaises s’emparent de la question écologique comme ailleurs
dans le monde, mais, dans le cas de l’île, ces problématiques contemporaines s’arriment à
des enjeux identitaires. Notre approche s’inscrit en ethnoscénologie, dans une perspective
par définition interdisciplinaire au croisement de l’anthropologie, de l’ethnologie et des
arts du spectacle. L’approche ethnoscénologique est fondée sur l’enquête de terrain,
fondamentale non seulement pour comprendre les pratiques performatives étudiées mais
aussi pour éviter tout ethnocentrisme dans l’appréhension des spectacles des mondes
chinois et dans leur dénomination. Nous proposerons une étude de cas, autour des parcours
de deux compagnies taiwanaises : le Cloud Gate Dance Theatre et le U Theatre. Le Cloud
Gate Dance Theatre, compagnie célèbre, populaire, et bénéficiant d’importants soutiens
financiers, s’inscrit dans une recherche permanente autour d’une identité chorégraphique
qui entrelace des éléments traditionnels (pensées taoïste et bouddhiste, calligraphie, Taiji
quan, chants et danses aborigènes, etc.) et des éléments modernes (opéra occidental,
musique électronique, réflexion sur la vie urbaine et les comportements qu’elle induit, etc.)
de la culture taiwanaise. Cette recherche s’articule à un mode de vie et de travail au sein
duquel la conscience écologique est intégrée et corrélée à une interrogation identitaire,
qui caractérise plus globalement la société taiwanaise. La troupe U-Theatre, au mode de
vie ascétique, incarne le renouveau des formes esthétiques taïwanaises (aux identités
multiples et autochtones) et l’expression de dynamiques esthétiques contemporaines tout
en portant un discours social et écologique.