Les représentations de l'oralité en contexte diglossique et diasporique : le cas des locuteurs kurdes installés à Istanbul
Résumé
En l’absence d’une éducation en langue maternelle kurde en Turquie, le kurde ne doit sa survie et sa vitalité qu’à sa transmission orale et dans le cercle familial. Si la langue se transmet à divers degrés dans les territoires kurdes de Turquie, aucune donnée n’est disponible sur sa transmission dans les villes de l’ouest turc, où s’est installée une importante diaspora kurde. Dans cette communication, nous proposons d’examiner les discours épilinguistiques, les représentations et les attitudes linguistiques des locuteurs concernant le rôle que peut assurer l’oralité dans la vitalité et la transmission familiale d’une langue minorée. Les données de la recherche sont issues d’une enquête de terrain menée en 2017-2019 au sein de quelques familles kurdes installées à Istanbul, dans le cadre d’une thèse de doctorat préparée à l’Université de Rouen et consacrée à l’étude des pratiques linguistiques et usages bi/plurilingues des locuteurs kurdes à Istanbul. Le questionnaire utilisé a porté sur les pratiques langagières des locuteurs au sein de la famille, sur leurs idéologies et représentations linguistiques, sur leurs répertoires et usages bi/plurlingues, ainsi que sur leur rapport aux langues et cultures avec lesquelles ils sont en contact. L’étude permettra d’examiner comment les locuteurs, placés dans une situation de diglossie et soumis à des préjugés et représentations négatifs concernant leur langue, représentent l’oralité comme le principal médium de transmission de leur langue. Les possibilités offertes par l’oralité seront évaluées par rapport aux contraintes qu’elle impose au devenir d’une langue en situation de diglossie et par rapport aux idéologies linguistiques des locuteurs, qui attribuent à l’écrit et à la littératie en général un rôle déterminant dans le développement de leur langue.