Sprachspiele. Ein Paradigma der Literaturwissenschaft in der Folge von Ludwig Wittgenstein
Résumé
L’évolution des moyens d’expression linguistiques pour la description d’objets et de phénomènes scientifiques et artistiques est assujettie à des lois propres. Par rapport aux découvertes scientifiques et aux changements morphologiques et stylistiques dans le champ des arts, le langage se développe plus lentement, et ce sont précisemment ces mutations qui stimulent son épanouissement. Plus une période (Antiquité, Renaissance, Siècle des lumières, Avant-garde) innove, plus s’accentue l’écart entre les mots et les choses, en faisant croître le temps nécessaire pour traduire, par des formules justes et prégnantes, les bouleversements politiques et sociaux, les nouvelles réflexions sur les réglementations institutionnelles, sur les techniques, et les res novae émergeant dans les domaines de l’art, de la musique et de l’architecture. Les méthodologies empiriques, elles aussi, font appel à des artifices linguistiques, des métaphores, des moyens poétiques et littéraires, lors de la description de phénomènes scientifiques. Ce rapport inné entre science et littérature, qui n’a pas encore fait l’objet d’une réflexion intégrale, est au centre de notre colloque.
On peut montrer que (selon la période) des auteurs d’épopées et de drames, des poètes et des romanciers affinent, aiguisent et intensifient le regard sur les objets, tout en définissant des terminologies de l’analyse historique et en consolidant ou, à l’inverse, en ébranlant des dogmes esthétiques, sociaux et politiques. En tenant compte d’une clarification linguistique qui prit naissance à la fin du XVIIIe siècle et qui se manifeste au XXe siècle dans tous les langages scientifiques, il s’agit ici d’une tentative pour définir les mécanismes de ces transformations synergiques, c’est-à-dire de décrire les styles épistémologiques déterminés et de s’interroger sur la présentation et l’expression linguistique du savoir. Guidé par l’objectif d’une émulation interdisciplinaire, le colloque embrasse les domaines de l’histoire (ancienne, médiévale et moderne), de l’histoire de l’art, de sciences littéraires, de la sociologie et des sciences politiques.