Femmes, genre, féminismes en Méditerranée. Hommage à Françoise Collin - Partie 2.
Résumé
Table ronde Internationale
Femmes, genre, féminismes en Méditerranée. Hommage à Françoise Collin.
28-29 novembre - Paris 8 / FMSH
La table ronde internationale "Femmes, genre, féminismes en Méditerranée. Hommage à Françoise Collin." a l’intention directrice de faire ressortir, à partir des contributions proposées et des échanges à venir, des expériences issues d’initiatives de femmes généralement inscrites au plan pratique et au plan théorique dans le sillage des féminismes ou de la "question de la femme", telle qu’elle a émergé au Proche-Orient (fin du XIXe - milieu du XXe siècle, Nahda ou Renaissance), puis ressurgi sous d’autres formes dans cette grande région (1980-1990 : Gendering the Middle East, Deniz Kandiyoti ; Remaking women. Feminism and modernity in the Middle East, Lila Abu Lughod).
On privilégiera la dimension subjective des expériences et des parcours, leurs spécificités, leur singularité. Chemin faisant, des femmes ont forgé, parfois avec des hommes, des manières de penser dont on aimerait retrouver la trace (naissance et genèse, continuités et ruptures, échanges et conflits) et les apports (variations sur la notion d’égalité ; articulations théorie / pratique ; pensée de la différence). Les disciplines et les pays des intervenant-e-s et des participant-e-s seront pris en compte au fil de la table ronde, de même que des recherches menées dans l’interdisciplinarité (sciences sociales, philosophie, littérature, psychanalyse).
La disparition de Françoise COLLIN, décédée le 1er septembre 2012, suscite une vive émotion chez ses lecteurs et ami-e-s - chercheurs et chercheuses en "histoire des femmes" entendue au sens interdisciplinaire. Nous rendrons hommage à la fondatrice et directrice des Cahiers du GRIF, philosophe et écrivain dont l’oeuvre, plus polyphonique qu’on ne le pense, est un itinéraire, non une boîte à outils (cf. sa conférence à l’Institut Emilie Duchâtelet, printemps 2011) - pensée toujours en mouvement, risquée, invitant à la tigueur. Le rayonnement de cette oeuvre a été marqué en Espagne où un recueil de textes a été traduit grâce à Marta Segarra, professeure à l’université de Barcelone, en Italie où un recueil est en préparation grâce à Marisa Forcina, professeure à l’università del Salento (Lecce), au Liban où Carmen Boustani, professeure à l’université Kaslik (Beyrouth), a mené de longues recherches sur l’oeuvre littéraire, moins étudiée en Europe occidentale ; des travaux intéressant les Algériennes (entre autres) font référence à des textes de F. Collin.
L’étude de son rayonnement conduira notamment à surmonter une conception de la Méditerranée réduite à un ensemble géographique (pays et régions riverains), ou à un espace sociologique modelé selon l’héritage de Braudel : quête de l’unité de la Méditerranée considérée comme un sujet historique unique alors qu’elle recouvre un sujet historique en mouvement, pluriel (cf. Georges Corm, Le Proche-Orient éclaté, 1956-2012, 7e édition 2012, deux tomes). On s’efforcera de rompre avec les dichotomies habituelles (rive Nord / rive Sud ; dominants / dominés), qui confortent involontairement la "fracture imaginaire Orient/Occident" (G. Corm, 2002). Il s’agira de déceler les composantes actuelles de la question méditerranéenne et leurs variations selon les pays, afin de progresser en direction d’une Méditerranée des femmes, plus précisément d’un espace d’échanges entre femmes autour de cette question brûlante. Dans cet espace en partie esquissé par la revue Peuples Méditerranéens (1977-1997) fondée et dirigée par Paul Vieille (sociologue, directeur de recherche au CNRS, décédé en septembre 2010), on incluera entièrement un pays tel que la France qui a été historiquement pénétré par la question méditerranéenne sous de nombreux aspects et continue à l’être dans la période dramatique que nous vivons, de même que d’autres pays européens à préciser.