Conférence inaugurale de la journée d'étude « Littérature tunisienne et révolution »
Résumé
Karima Dirèche a introduit la journée en soulignant que la littérature dit aussi des choses sur les situations politiques et sociales. Cette journée est le prélude à une manifestation plus ambitieuse destinée à profiter de l’ébullition éditoriale qu’on observe depuis 2011. Le champ littéraire et culturel maghrébin étant bilingue, il est nécessaire de donner davantage de visibilité à la production en langue arabe. L’IRMC s’emploie à accroître la place de la traduction arabe/français. Un ouvrage bilingue vient de paraître, Farah Hached, Wahid Ferchichi (dir.), Révolution tunisienne et défis sécuritaires, Tunis, IRMC-Med Ali ; et deux autres projets bilingues sont engagés pour 2015. De même, l’IRMC met en place en collaboration avec l’INALCO le 1er cycle d’un stage d’apprentissage de l’arabe appliqué aux sciences humaines et sociales.
Kmar Bendana, historienne et coorganisatrice de cette journée, a ouvert les débats sur une note optimiste : la multiplication des publications, le développement de nouvelles formes de discours et de la critique littéraire sont le signe de la vitalité de la littérature tunisienne. Il faut à présent prendre la mesure des changements opérés et s’interroger sur leurs aspects concrets : comment conçoit-on un livre, que sont une œuvre, un auteur, un lecteur, un éditeur aujourd’hui en Tunisie ?
Sobhi Boustani, professeur de littérature moderne et directeur du CERMOM (INALCO), a tenu la conférence inaugurale de cette journée. À partir de trois romans tunisiens, il a analysé les choix esthétiques suivis par les auteurs pour exprimer les événements politiques ; il s’est également intéressé à la place de ces événements dans la symbolique et la structure du récit en comparaison avec la production égyptienne. Le dédoublement et l’anonymisation de l’écrit, la fragmentation ou la disparition de la narration, le jeu d’intertextualité avec les textes classiques sont autant de moyens de s’interroger sur le rôle des discours depuis la libération de la parole et sur les mécanismes du pouvoir. Néanmoins, il n’y a pas de véritable rupture du champ littéraire. Alors que dans les romans égyptiens, la révolution est un véritable sujet autour duquel varie l’écriture, elle s’inscrit en filigrane dans la production tunisienne.