Table ronde "« Le dialecte dans la création contemporaine »
Résumé
« Le dialecte dans la création contemporaine » a fait l’objet de la quatrième table ronde de la journée d'étude « Littérature tunisienne et révolution »,avec Mourad Ghachem, vice-président de l’association Derja, Majd Mastoura, poète et un des fondateurs du collectif Klam Chera3 et Insaf Machta, enseignante de littérature française et critique de cinéma. Mourad Ghachem a présenté l’histoire du dialecte tunisien, ses modes de diffusion, ses usages politiques et culturels. L’association Derja, a-t-il expliqué, vise à promouvoir le dialecte comme langue démocratique, puisque parlé et compris par tous, mais aussi à défendre son statut de langue de culture et de création au même titre que l’arabe littéraire. Majd Mastoura a analysé l’expérience du collectif Street Poetry et détaillé les principes qui orientent sa pratique. Ce collectif s’est donné trois grands objectifs : la promotion de la littérature en dialecte tunisien, l’expression de l’identité, la réappropriation de la rue. Il s’agit de valoriser la littérarité de la langue dialectale, que certains perçoivent comme une menace pour l’arabe littéraire. Ce complexe lié à la maîtrise de la langue dépassée, l’arabe, peut redevenir un moyen d’expression accessible à tous. La littérature réinvestit l’espace public, lui redonnant le sens et la valeur dont l’avait privé la dictature. Cette expérience rétablit le lien intime entre le poète et son auditeur qui peut, à son tour, se faire poète. La question du clivage entre arabe classique et arabe dialectal était ensuite au cœur du débat. Pour clôturer la journée, Majd Mastoura a joué devant le public un de ses textes.