"Sus donq auant hilhotz!" lire Pey de Garros avec Clément Marot : pourquoi et comment ?"
Résumé
Several lines in Gascon from the dedication of Pey de Garros’ Psaumes viratz (1560) appear to imitate the French dedication of Clément Marot’s Pseaumes (1541). In his essay Renaissance du Sud (1970), Robert Lafont stresses that this imitation is of little importance for our overall assessment of Garros: the Gascon text operates on a different plane (that of Occitan Navarre) and aims to replace – eclipse – the French text, however prestigious this last may be. However, a re-reading of the preface to Psaumes viratz, in the light of theories advanced within sociolinguistics, invites us to reconsider the issue of the imitative links between Garros and Marot. The sociolinguistic view of Gascony constructed in particular by the preface ‘Au lecteur’ does not appear to exclude French literary patronage. On the contrary, Michel Jourde (Diglossie et auctorialité au XVIème siècle dans la France méridionale) has shown how authors from the Occitan-speaking area can be defined by their relationship to the two languages, Occitan and French. Following this detour, I examine what light a comparison with Clément Marot can throw on our reading of Pey de Garros. Henri Meschonnic’s work on translation (Poétique du traduire, 1999; Ethique et politique du traduire, 2007) demonstrates how revealing an author’s idea of translating can be as to his poetics. It is from this viewpoint that I propose a re-reading of the lines at issue, for which reference to Clément Marot will prove crucial in establishing Garros’ relation to the divine and to the Gascon people, as portrayed in Psaumes viratz.
Certains vers gascons de la dédicace des Psaumes viratz de Pey de Garros (1565), semblent imités de la dédicace française des Pseaumes de Clément Marot (1541). Dans son essai Renaissance du Sud (1970), Robert Lafont a souligné le peu d’importance de cette imitation dans l’appréciation de l’oeuvre de Garros : le texte du gascon se place sur un nouveau plan -celui de la Navarre occitane- et a pour but de recouvrir entièrement, d’effacer le texte français, aussi prestigieux soit-il. Pourtant, si on relit l’avant texte des Psaumes viratz en s’aidant des notions développées par la sociolinguistique, on peut reposer la question des liens d’imitation entre Garros et Marot. La conception sociolinguistique de la Gascogne construite notamment par l’avis « Au lecteur » ne semble pas s’opposer à un patronage littéraire français. Bien au contraire, Michel Jourde (Diglossie et auctorialité au XVIème siècle dans la France méridionale) a montré comment les auteurs de l’espace occitan peuvent se définir par leur rapport aux deux langues, occitane et française. Après ce détour, il s’agit de déterminer en quoi le recours à Clément Marot peut nous éclairer dans la lecture de Pey de Garros. Les travaux d’Henri Meschonnic sur la traduction (Poétique du traduire, 1999 ; Éthique et politique du traduire, 2007) nous enseignent dans quelle mesure le sens du « traduire » d’un auteur est révélateur de sa poétique. C’est dans cette optique que nous nous efforcerons de relire les vers incriminés. La référence à Clément Marot nous sera alors précieuse pour établir le rapport du sujet Garros au divin et au peuple gascon, tel qu’il apparaît dans les Psaumes viratz.